Le jour de notre arrivée à Man, après le déjeuner chez Paye, notre guide nous propose d’aller voir le pont de lianes du village de Lieupleu.
Il faut d’abord rejoindre la ville de Danane. J’avoue ne pas avoir étudié la carte avant de quitter Abidjan et, sur le coup, je m’attendais à un rapide trajet en voiture. Mais en fait Danané est à 80 km à l’Ouest de Man. La route est un axe bitumé en bon état mais il nous faudra quand même une heure de route pour rejoindre cette bourgade. Et avec le guide nous sommes maintenant cinq dans la voiture. la Pajero est spacieuse mais il nous faut maintenant nous serrer à trois sur la banquette arrière. C’est un peu moins confortable. Sur le trajet, paysage de montagnes. J’aime bien celle-ci avec son arbre, unique rescapé, planté à son sommet.
Nous voici à Danane : petite bourgade d’une centaine de mille habitants. Pendant qu’Olivier fait le plein de la voiture à la station Shell, je prends des photos de la rue principale dominée par la dent de Danané. La ville a l’air très calme. Pourtant, un article sur « le Débat Ivoirien » la décrit comme une ville qui « regorge de nombreux maquis, bars, restaurants, night clubs et biens d’autres lieux fréquentés par les jeunes filles dont l’âge oscille entre 18 et 25 ans qui s’adonnent de plus en plus à la prostitution » Peut-être est-ce lié au fait que la ville n’est située qu’à quelques 45 km du triangle formé par les frontières du Libéria, de la Guinée et de la Côte d’Ivoire. Il doit y avoir du passage !!! En tous les cas, à l'heure où nous sommes passés, c'est plutôt une bourgade endormie que nous avons traversée.
Un court trajet sur une piste nous amène jusqu’à un village où nous laisserons la voiture. Jolis paysages de jachères arborées et de rizières de bas-fond. Voici de beaux fromagers et un tulipier du Gabon couvert de grosses fleurs d’un rouge orangé éclatant
Après que Mr Touré ait discuté avec les villageois et confié la garde de la voiture à un jeune, nous continuons à pied jusqu’au village de Lieupleu qui n’est pas loin du tout. Notre passage ne laisse pas les habitants . Surtout les enfants et les femmes. Et puisque tout le monde se laisse prendre en photo avec plaisir, nous en profitons Noémie et moi. Le seul hic, c'est que tout le monde veut sa pose !!! Le premier clic-clac en entraîne d'autres qui eux-mêmes en appellent d'autres., ... pas facile de mettre un terme et de repartir ! Heureusement que nous ne sommes plus à l'époque des appareils argentiques sinon ce petit jeu coûterait une petite fortune.
On dirait bien que mon collègue a autant de succès que George Nespresso !!
Rencontre avec un villageois qui part au champ avec son fusil ... des fois qu'un agouti passerait à portée. Fusil artisanal auquel je ne me fierai pas. Les guinéens appelaient ce type d’arme de chasse, les fusils « deux doigts » : allusion aux explosions qui se produisent souvent à la mise à feu, emportant le ou les doigts qui pressent la détente !!
La lessive et les pagnes colorés qui sèchent au soleil, à même l’herbe
Quelques photos prises au cours de la marche : une libellule, une botte de plants de riz à repiquer, une fleur d’Ipomée et une autre d’une légumineuse que je ne suis pas arrivé à déterminer.
Un champ de riz de montagne, ou riz pluvial. Semé sur les pentes des collines, comme une céréale, il pousse avec l’eau apporté par les pluies. Ce sont souvent des variétés plus parfumées que les riz de bas-fonds
"Ne vous retournez pas", je crois que nous sommes suivis !!! Passage d'un petit bras du Cavally sur des planches, posées en pont.
Nous voici devant le Cavally. Une grosse rivière gonflée par les pluies récentes et qui part vers l'Ouest pour faire frontière entre la Côte d’Ivoire et le Libéria.
C’est cette rivière qu’enjambe le fameux pont de lianes. Impressionnant non ?
Selon notre guide le pont est construit par des initiés qui le posent en une nuit. Au matin, les villageois peuvent l’emprunter…. Enfin les courageux. Le chemin de lianes sur lequel il faut poser les pieds est étroit et la rivière en dessous plutôt tumultueuse. La médaille du mérite revient à Olivier qui fera la traversée complète. Noémie fera quelques mètres avant de rebrousser chemin. Moi je me contenterai de monter l’échelle de rondins et de rester au seuil du pont. Et Sabine fera la traversée sur la chaussée submersible en béton qui double maintenant le pont de lianes.
Avant d’emprunter le pont, il faut se déchausser et dire bonjour aux esprits qui l’habitent. Voilà donc la paire de Convers façon que j’ai achetée ce midi au marché de Man. Pour le moment elles sont encore propres et confortables.
De l’autre côté du Cavally, on visite une plantation de cacaoyers d’une quinzaine d’année. Pas vraiment taillée mais chargée de cabosses. Il est vrai que la région n’a pas connu le même épisode de sécheresse que le reste de la zone cacaoyère de Côte d’Ivoire cette année. Je ne peux pas m’empêcher de donner quelques conseils au planteur !!
Retour au village où les enfants nous escortent jusqu’à la voiture. Mr Touré avait prévu le coup et a acheté des biscuits avant de quitter Man. Il les distribue avant de partir. Je fais la course avec l’un des gamins qui jouent au cerceau avec de vieux pneus de moto. Il est tout content car il gagne !!!
Avant de nous laisser regagner notre hôtel, notre guide nous fait connaitre le maquis « la maison Blanche » où nous viendrons dîner ce soir. C’est un peu plus « typique » que le restau de ce midi. Plus "crassouille" aussi mais on y mange bien. Je recommande donc cet établissement à ceux qui passeraient par Man.
L’interdiction de vendre et consommer de la viande de brousse qui avait été décrétée en raison de l’épidémie de fièvre Ebola dans les pays voisins a été levée. Du coup Olivier et Noémie demandent à manger de l’agouti braisé. Fameux plat du patrimoine culinaire ivoirien. La patronne invite Olivier à choisir son agouti parmi des carcasses empilées dans une bassine … beurk. Vraiment très peu pour moi. Sabine et moi, on restera plus sagement sur une carpe braisée qui sera d’ailleurs super bonne.
En passant à l’hôtel, Olivier récupère son téléphone qui était resté dans sa chambre et découvre les messages laissés sur sa messagerie par mr Yao, le guide que nous avions contacté par téléphone depuis Abidjan ….. On réalise alors qu’en fait, le guide qui nous a accompagné toute la journée, Mr Touré, et à qui nous avons déjà donné rendez-vous pour le lendemain n’est pas celui avec lequel nous nous étions mis d’accord !!!! Nous voilà donc avec deux guides pour notre ascension de demain !!!