Samedi 3 mars. Nous partons, Pierre et moi à Grand Bassam avec l’intention de visiter le vieux quartier français de cette ville et de se poser sur la plage.

Avec le nouveau pont HKB qui permet de rejoindre facilement le boulevard Giscard d’Estaing de l’autre côté de la lagune Ebrié et la nouvelle autoroute qui le prolonge jusqu’à Grand Bassam, le trajet est rapide. L’autoroute a été construite par des entreprises chinoises. Elles n’ont pas lésiné sur les lampadaires !!! Cet axe est une bénédiction pour les automobilistes. Il permet aux habitants de Bassam de venir facilement travailler la journée sur Abidjan et aux abidjanais de rejoindre les plages de Bassam et d’Assinie le weekend  plus facilement. Par contre, il va compliquer la vie des personnes qui vivent et travaillent dans cette zone encore rurale. L’autoroute coupe en deux la zone et absolument rien n’a été prévu pour traverser cet obstacle. Pas un seul pont, pas d’échangeur …. Résultat : des piétons, des cyclistes et des véhicules de toutes sortes traversent les quatre voies et le terre-plein central. Des voitures circulent en contresens sur la bande d’arrêt d’urgence pour rejoindre leurs habitations !!!

Bassam et le quartier français

Bassam se trouve à une trentaine de kilomètres à l’Est d’Abidjan à l’extrémité de la lagune Ebrié, près de l’embouchure de cette lagune et du fleuve Comoé. 

C’est une ville historique classée au patrimoine mondiale par l’UNESCO comme un exemple d’urbanisation coloniale de la fin du XIXe siècle et de la première partie du XXe siècle avec une organisation par quartiers, chacun spécialisé : quartier des maisons de commerce, quartier administratif, le quartier des colons européens, le quartier des autochtones NZima. En effet, la ville a été la première capitale de la Côte d’Ivoire. La ville fut le premier port de la Côte d’Ivoire et son centre économique et juridique.  

C’est de Bassam que Treich  Laplene partira vers l’intérieur de la Côte d’Ivoire pour étendre l’influence de la France par la signature de traités avec les rois de Bettié, de l’Indiéné, de l’Alanguoua et de Yakassé. Il bloquera ainsi l’avancé des colons anglais aux frontières de l’actuel Ghana.  C’est, en quelque sorte, le fondateur de la Côte d’Ivoire

Bassam et le quartier français

A peine sommes-nous descendus de la voiture que nous sommes abordés par Daniel qui nous propose de nous faire visiter le quartier France et le village des pêcheurs. Coiffure rasta, Daniel est le fils d’une des familles de pêcheurs Ghanéens installés à Bassam. Il tient aussi une boutique d’artisanat dans la ruelle qui dessert l’Etoile du Sud.  Nous partons donc avec lui. Et c’est une bonne idée car sinon, nous n’aurions sans doute pas vu grand-chose sans nous perdre.

Le premier bâtiment que nous présente Daniel est le poste de Douane et de la Poste. Le seul, avec le bâtiment du musée et les bâtiments de la paroisse,  vraiment encore en bon état.

Bassam et le quartier français
Bassam et le quartier français
Bassam et le quartier français

Dans une petite rue perpendiculaire, très calme,  voici l’église du Sacré Cœur. C’est la première église de Côte d’Ivoire.  Quelle agréable fraicheur à l’intérieur !

Dans la rue une fanfare passe en rangs dispersés. Elle vient d’honorer les invités d’une fête de mariage.

Bassam et le quartier français
Bassam et le quartier français

Petit arrêt devant un monument représentant une femme ivoirienne devant la dépouille de son mari européen. Il commémore le souvenir de l’épidémie de fièvre jaune qui en 1899 emporta 45 des 60 européens qui résidaient alors à Bassam. Cet épisode  marque la fin de Bassam. La capitale de la Côte d’Ivoire fut déplacée dans ce qui est devenu Bingerville, aujourd’hui un quartier d’Abidjan.

Daniel nous présente ensuite une maison coloniale caractéristique avec sa véranda ceinturant l’étage d’habitation. Ce bâtiment fut la maison d’Houphouet Boigni quand il était jeune médecin. La maison est en ruine et ne tient debout que grâce aux racines des ficus qui ont poussé sur les murs.

Bassam et le quartier français
Bassam et le quartier français
Bassam et le quartier français

En face se dresse le premier cinéma de Côte d’Ivoire. Daniel nous affirme que l’électricité nécessaire à faire fonctionner le projecteur était produite par des esclaves punis qui actionnaient des génératrices à manivelles. L’intensité du courant et donc la vitesse de déroulement de la bobine dépendait … du zèle des gardes et de leurs chicotes !!!  

Derrière, une ancienne maison coloniale a été retapée pour la rendre habitable … sans trop se soucier du respect de l’intégrité architecturale ayant conduit au classement du site.

Bassam et le quartier français
Bassam et le quartier français
Bassam et le quartier françaisBassam et le quartier français
Bassam et le quartier français

La plupart des bâtiments, même habités, sont dans un état de délabrement avancé quand ce ne sont pas carrément des ruines, à l’instar de l’ancien hôtel de France, le premier hôtel de Côte d’Ivoire.

Bassam et le quartier français
Bassam et le quartier français

Juste à côté se trouve la maison des esclaves dont la forme rappelle la proue d’un bateau. Du haut du balcon, le résident de France Treich Lepenelle (on ne parlait pas de gouverneur alors)  déroulait ses discours. On peut encore voir à l’arrière du bâtiment la geôle où étaient enfermés les esclaves récalcitrants.

Bassam et le quartier français
Bassam et le quartier français

Un bâtiment se distingue des autres. Il tient plus du palais. C’est le Ghanamet. C’était la résidence d’un riche commerçant ghanéen installé à Bassam.  Il est en ruine mais au premier étage des artisans proposent des pagnes kitas à la vente.

Plus loin, un coq gaulois se dresse fièrement au sommet d’une courte colonne. Il marque l’entrée dans le quartier N’Zima. C’était, à l’époque coloniale, le quartier des autochtones. C’est aujourd’hui la place où se déroule en Novembre de chaque année, l’Abissa.  

L'Abissa, c’est la grande fête annuelle des N’Zima Kotoko. Elle marque l’entrée dans le nouvel an pour ce peuple originaire de la région de Bassam. Elle est l'occasion de faire le bilan de l’année écoulée. La population a la possibilité de critiquer leurs dirigeants, de dénoncer toutes les tares mais aussi de saluer les actions positives de la société sous la gouvernance de leur roi. Occasion aussi est offerte à tous ceux qui ont commis des actions blâmables et regrettables de les reconnaitre et de se confesser, d'émettre des vœux pour obtenir pardon de leurs dirigeants. Voici deux liens vers des sites détaillant cette cérémonie

Bassam et le quartier français
Bassam et le quartier français

Malgré le soleil qui tape fort, Daniel nous entraîne à travers le quartier N’Zima jusqu’à la plage. Contrairement à ce que l’on peut lire sur les sites qui présentent Bassam comme une cité ombragée avec des jardins, il n’y a pas d’ombre, et Pierre et moi nous souffrons !!! 

Bassam et le quartier français
Bassam et le quartier français
Bassam et le quartier français

Avant d’atteindre la plage, il faut traverser un capharnaüm planté à même le sable chaud. Ce sont les installations de séchage et de fumage du poisson.  Le bord de mer est en effet le domaine des pêcheurs ghanéens. Sur la plage, les grosses pirogues attendent le départ en mer.

Bassam et le quartier français
Bassam et le quartier français
Bassam et le quartier français
Bassam et le quartier français

Des enfants préparent les filets pendant que les plus jeunes jouent dans les vagues.

Bassam et le quartier français
Bassam et le quartier français

La marée basse découvre une large plage  bordée par des rangées de cocotiers à l’ombre desquels se reposent des adultes.

Bassam et le quartier français
Bassam et le quartier français
Bassam et le quartier français
Bassam et le quartier français

Le sable est trop chaud et le soleil trop haut pour remonter vers notre point de départ par la plage comme nous le propose Daniel. On préfère regagner au plus vite l’ombre relative des vieux bâtiments. On suit donc notre guide au travers le dédale des ruelles du village de pêcheurs. Les maisons sont, pour la plupart, faites de bois et de tôles et sont plantées directement dans le sable.

Bassam et le quartier français
Bassam et le quartier français
Bassam et le quartier français

Retour à l'Étoile du sud où l'on se jette sur un coca pour Pierre et un perrier pour moi .... Les deux avec beaucoup de glaçons.

Puis je vais piquer une tête dans la mer. Mais avec la marée basse, il faut avancer loin pour avoir de l’eau jusqu’à la taille. Il faudrait passer la «barre» où les vagues viennent se briser pour pouvoir nager. Je préfère finalement aller nager dans la piscine.  

Ni la plage, ni le restaurant ne sont pleins. Ce sont les séquelles de l’attentat de mars dernier. L’Etoile du Sud est l’un des établissements qui a été mitraillé par les terroristes et malgré les mesures de sécurité renforcée, les abidjanais  ne sont pas revenus en masse.  Les vendeuses et vendeurs ont bien du mal à trouver des clients. Un groupe de musiciens arrivent à obtenir quelques billets en chantant la beauté d’une dame qui déjeune en terrasse tout près de nous. Impossible pour l’homme qui l’accompagne de se dérober !!!

 

Bassam et le quartier français
Bassam et le quartier français

Deux jeunes  passent à cheval. Malgré les allers et retours au petit galop, ils n’arrivent pas à attirer des clients.

L’après-midi touche à sa fin. Il est temps de renter sur Abidjan.  Demain, Pierre pourra se reposer en prévision de son retour en France

Bassam et le quartier français
Tag(s) : #Côte d'Ivoire, #Bassam
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