Nous sommes en train de mettre en place un programme de cacao bio avec des planteurs à l’est de la zone cacaoyère, autour des petits villages de Koffikro et Dibi . Je m’y suis rendu deux fois dernièrement :  fin Septembre et la deuxième semaine d’Octobre. Je partage avec vous ces photos et anecdotes de ces journées de brousse

En Octobre, j’ai quitté Abidjan pour Maféré avec mon collègue mais sans chauffeur ; celui-ci étant déjà sur place avec un expert en mission. Déjà, je dois repasser par le bureau de Yopougon pour prendre des affaires que j’ai oubliées la veille.  Or pour rejoindre la route qui part vers le Sud-Est, Maféré et le Ghana, je n’ai pas d’autre choix que de traverser la commune d’Abobo. Aucun de nous deux ne connaissons vraiment le chemin et c’est Ismael, le chauffeur qui nous guide depuis Maféré par téléphone. Pas facile de se faufiler un chemin au milieu de la cohue de gbakas, woro-woro et autres taxis dans ces rues de terres défoncées sans rien accrocher. Ismael me délivrera mon permis ivoirien toutes situations à la suite de cet « exploit ».

Une fois sur la bonne route, nous filons bons train …. Jusqu’à ce que nous tombions, à une dizaine de kilomètres avant Alepé, sur un barrage de bambous en travers de la route. Des gamins nous font signe de nous arrêter mais je passe sur les bambous. Un peu plus loin nous rejoignons une file de véhicules garés sur un côté de la route. Je remonte la file lentement en sachant que je serai stoppé à un moment ou un autre. En effet,  en général une telle file de véhicules est synonyme de route barrée par un accident. … Finalement ce n’est pas un accident mais une barricade tenue par des enfants d’une dizaine d’année et devant laquelle un véhicule de la gendarmerie est arrêté. Le commandant de brigade et ses hommes négocient l’ouverture de la route. Les enfants protesteraient contre le fait qu’il n’y aurait pas de bus pour les amener à l’école. On attendra une bonne demi-heure avant que le barrage soit levé. A peine quelques kilomètres plus loin, c’est une foule d’enfants qui marchent et courent sur la route. Ils vont sur Alepé. On traverse les groupes prudemment pensant pouvoir poursuivre notre périple sans plus d’encombre. Mais non. Une nouvelle barricade barre l’entrée de la petite ville d’Alepé. Ce sont des jeunes et des adolescents qui protestent contre le prix des transports jusqu’à Abidjan. Le commandant de gendarmerie arrive peu après nous et entamé les négociations. Mais rien de bouge. Les gamins passent entre les véhicules arrêtés en criant   « la route est coupée. Rien ne passe. Même brouette ne passe pas !»

Lorsque que je surprends la discussion entre un villageois et le chauffeur d’un des véhicules garés devant nous et que je vois, un puis deux, puis trois voitures manœuvrer pour repartir en sens inverse, je leur emboite le pas.  Juste à temps car les groupes de jeunes marcheurs que nous avons doublés commencent à arriver sur Alépé  prenant les véhicules en tenaille. Nous somme une dizaine de véhicules à traverser Alépé par ses quartiers. Les rues sont plus ou moins tracées, étroites et pleines de trous. La circulation n’est pas aisée. D’autant que des habitants réalisant que des voitures sont en train de forcer le blocus, improvisent des barricades. Je suis le dernier de la file et à plusieurs reprises je vois le chemin se refermer derrière moi. On débouchera de l’autre côté de la ville, juste devant la barricade et la foule qui  bloque l’entrée de la ville de ce côté.  Ouf, on est passés de justesse et nous pouvons reprendre notre chemin, cette fois ci pour de bon. Le fait que nous croisons des taxis venant en sens inverse indique que la voix est libre. Mais nous avons perdu près de deux heures.

Projet Cacao Bio

Koffikro est un village déjà important et la piste qui y mène est relativement bonne. Le seul problème réside dans les trois côtes (ou descentes, cela dépend du sens dans lequel vous les prenez !) recouverte de latérite et d’argile bien grasse. Après une forte pluie elles sont très glissante et même avec un 4X4, ce n’est pas évident de les passer.  Le risque est de se retrouver bloqué par un véhicule coincé dans la pente … Et c’est le cas avec ce 3 tonnes chargé de cacao. Heureusement, la piste est presque sèche et  ce n’est qu’une panne de carburant. Et une moto vient juste ‘apporter un jerrican. L’arrêt sera de courte durée.

En cours de route voici le petit hameau de Bafia avec son église abandonnée

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Nous rencontrons aussi ce pisteur qui est en train de collecter des régimes de palme.

 

C’est une zone où il pleut beaucoup, et les deux fois ne ferons pas exception à la règle avec de la bruine et des averses. Cela ne décourage pourtant pas ces jeunes qui sont en train de battre du riz. Je suppose qu’il s’agit d’une association de jeunes du village que le propriétaire du champ a mobilisé pour ce travail et qu’il lui est difficile de décommander. Mais ce n’est pas du bon boulot.

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Les brassées de tiges de riz sont frappées sur des futs de 200 litres vides et  des planches de bois. Mon arrivée, appareil en main déclenche un regain d’activité. Je suis accueilli par de grands gestes et des sourires amicaux.  J’adore le jeune qui frime avec ses lunettes de soleil !!!

 

Un papillon dans les herbes

L’autre village avec la population duquel nous travaillons est Dibi. Il n’y a qu’une dizaine de kilomètres entre Koffikro et Dibi et quand il ne pleut pas il faut une petite demi-heure pour faire le trajet …. Quand il ne pleut pas. Mais  les pluies ont vite fait de barrer cette piste. Il y a en effet un marigot et une côte qui ne sont, alors, pas franchissables. Et c’est le cas actuellement. Il nous faut revenir sur Appouasso et faire le tour par le nord et Acresy. Là-bas, il y a des plantations de banane de la société Canavese qui entretien la piste. Lors de notre passage l’hélico est justement en train d’effectuer un traitement pesticide sur une petite parcelle coincée entre deux collines. Les manœuvres de l’appareil sont très impressionnantes ...  et le pilote doué !

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En fait ce n’est pas dans le village de Dibi que nous rencontrons les producteurs mais dans le hameau de Bouegne. C’est un peu le fin fonds de la Côte d’Ivoire. Un petit hameau de quelques maisons dont une en dur, perdu entre les collines, au milieu des plantations d’hévéa et de cacao. Pas de liaison sur aucun des réseaux téléphoniques et à chaque fois que j’y suis passé, une ambiance humide et de la boue … sympa !!!  Les producteurs nous attendent sous un chapiteau. Nous parlons en français et même si la majeure partie de l’auditoire comprend, nos paroles sont traduites en malinké puis en agné. Pas ce qui est le  plus rapide. Mais la réunion se déroule dans une bonne ambiance avec  beaucoup de question et une importante participation des femmes, ce qui est plutôt rare.

La traditionnelle photo de famille prise à la fin de la réunion avec tous les appareils et téléphones disponibles.

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Quand je reste plusieurs jours dans la zone, notre base est à Abouasso. D’habitude on dort à l’Hôtel le Rocher : un bâtiment aux multiples rajouts, en partie en travaux et avec des chambres à la propreté un peu douteuse. Cette fois ci, nous avons essayé la Résidence ; un hôtel récent en centre-ville. Les chambres sont neuves et donc propres. Par contre le bâtiment en lui-même est sinistre. Et puis pas de restauration ni de petit déjeuner. Il faut aller en ville.

Pour le diner,  une seule adresse : Le Select sur les bords de la Bia au niveau de rapide. Voilà la Bia dans Abouasso en Septembre. Deux semaines plus tard elle avait encore grossi et tous les rochers que vous voyez sur la photo étaient immergés. Plus question pour les enfants de traverser à la nage pour aller pêcher.

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Ces deux là ne sont plus des enfants. Ils pêchent les écrevisses en plongeant en apnée au milieu des rochers

Et pour clore cet article un photo montrant l'état de ma voiture à l'arrivée au retour à Abidjan. L'arrière est entièrement avec la latérite te la boue !

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Tag(s) : #Côte d'Ivoire, #Koffikro
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